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bulletien de laetitia

Le don : coeur et raison

Le don : coeur et raison
En 2015, le philosophe Peter Singer inventait le terme d’«altruisme efficace». La traduction française de son ouvrage sortira à la rentrée.

Considéré comme l’un des philosophes les plus influents du monde, l’Australien Peter Singer est connu pour son best-seller La libération animale (1975), qui fit de lui le pionnier de la réflexion sur le droit des animaux. Professeur d’éthique à l’Université de Princeton aux Etats-Unis, il s’intéresse à une autre grande question: comment faire le maximum de bien? En devenant un «altruiste efficace», proclame-t-il.

Le Temps: Qu’est-ce que l’«altruisme efficace», un nouveau courant de pensée auquel vous consacrez votre dernier livre?

Peter Singer: L’altruisme efficace est à la fois une philosophie et un mouvement social consistant, à utiliser une démarche scientifique pour trouver les moyens les plus efficaces de faire le maximum de bien. Les tenants de cette vision des choses – dont je fais partie – pensent qu’avoir du cœur ne suffit pas: le cerveau a aussi un rôle essentiel à jouer. C’est très bien de vouloir donner mais il faut le faire intelligemment, sinon cela ne sert à rien.

Pouvez-vous donner un exemple emblématique?

Il y a une dizaine d’années, un des étudiants de mon cours d’éthique à l’Université de Princeton, Matt Wage, a calculé combien de vies il pourrait sauver s’il donnait 10% de son revenu à la Fondation Against Malaria, qui lutte contre le paludisme, cause majeure de mortalité infantile. Matt était un étudiant brillant promis à une belle carrière universitaire. Alors qu’il était admis en doctorat de philosophie à Oxford, il a consciemment choisi de se faire embaucher par un cabinet de finance à Wall Street parce qu’il avait calculé qu’il pourrait donner bien plus encore en pourcentage et en valeur absolue à des associations caritatives efficaces et, ainsi, sauver encore plus de vies. L’altruisme efficace, c’est exactement ça: la rationalisation du don.

...)

Vous écrivez que Bill Gates et Warren Buffett sont les altruistes les plus efficaces de l’histoire. Faut-il nécessairement être riche pour agir conformément à cette philosophie?

Ce sont les altruistes les plus efficaces du fait des montants faramineux qu’ils versent aux associations de bienfaisance. Mais il est évidemment tout à fait possible de rendre le monde meilleur avec des revenus modestes. Rhema Hokama, enseignante en littérature, que je cite dans mon livre, gagne 27 000 dollars par an et fait don d’environ 5% de ses revenus. Elle estime son niveau de vie tout à fait correct, même après déduction de ses dons. Mieux, elle a calculé qu’il équivalait à 16 fois le revenu mondial moyen (1442 euros par an), ce qui la place parmi les 4,4% plus riches de la population mondiale.

lire la suite de l'article letemps.ch

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